Après toutes les récentes péripéties, il est enfin temps de traverser l’Atlantique – on espère que cette fois, c’est la bonne !
Tous les voyants sont au vert : les alizés semblent bien établis, le bateau est caréné, tout propre et avitaillé.
Tiboulen hisse les voiles à la sortie du port de Mindelo, aligné avec trois autres bateaux Jeanneau de différentes générations.
Ce sont trois équipages de jeunes que nous avons rencontrés par hasard une semaine auparavant. On est rassurés de partir en flottille !
Certains avaient même participé au concours The Odyssey Experience.
Tout le monde est excité à l’idée de traverser l’océan, avec un peu de stress aussi.
Surtout pour Iñaki, qui a tenté de réaliser son rêve de traverser l’Atlantique à deux reprises sans succès. Va-t-il donner raison au dicton « jamais deux sans trois » ?
Un bateau bien équipé et rassurant
La majeure partie de la transat, nous étions sur le même bord (bâbord amure à 150° du vent), avec la même configuration de voile (ciseaux, génois tangonné) et plus ou moins la même vitesse (5,7 nœuds de moyenne).
Nous avons mis deux ris dans la grand-voile, ce qui nous a permis de mieux la choquer pour éviter qu’elle ne frotte trop sur les barres de flèche et de mieux appréhender les grains nocturnes avec sérénité.
Nous réglions principalement le génois en fonction du vent : quand un grain apparaissait au radar, nous l’enroulions, et une fois le grain passé, nous le déroulions.
La grand-voile était maintenue avec un bout pour éviter les empannages.Le dessalinisateur et le générateur nous ont vraiment bien servis pendant la traversée, au point de nous permettre de prendre des douches (presque) comme à la maison !
Nous étions également très heureux d’avoir un taud pour nous protéger du soleil, car la chaleur devient intense à l’approche des Antilles.Enfin, merci à la méridienne qui nous a sauvé plus d’une nuit lorsque la houle nous empêchait de dormir à l’avant.
Bref, Tiboulen a bien tenu la route !
Aucune casse à signaler, et nous n’avons même pas eu besoin de sortir la boîte à outils.
Si l’on devait caractériser le Sun Odyssey 410, on dirait que c’est un bateau fiable et rassurant..
Des moments inoubliables
Nous avons vécu des instants incroyables pendant cette transat. Notamment la pêche : nous avons relevé plusieurs dorades coryphènes !
Ceviche citron-gingembre-soja, à la poêle, en sauce, baigné dans du lait de coco avec des grenades et du citron… un délice !
Nous nous sommes régalés malgré le peu d’ingrédients frais embarqués au Cap-Vert. Nous avons même ouvert une boîte de confit de canard au milieu de l’océan – rien de plus réconfortant !
Nous nous rappellerons aussi de ces couchers de soleil, de la mer d’un bleu changeant qui déferle à côté du bateau, des grains qui lissent la mer en un gris uniforme, des doubles arc-en-ciel et même d’un arc-en-ciel lunaire (ou arc-en-ciel de lune) !
La haute mer nous offre des paysages exceptionnels.
À mi-chemin, nous avons croisé par hasard l’un des trois bateaux partis en flottille avec nous.
C’était une image très forte : voir nos deux bateaux côte à côte, partis le même jour et ayant suivi des chemins différents, ballotés par les mêmes vagues dans l’immensité de l’océan.
Même en voulant le faire exprès, nous n’y serions pas parvenus. Heureux hasard !
La suite au prochain épisode
Nous arrivons ce soir. Dernier petit stress : Météo France annonce un BMS (bulletin météo spécial) à la VHF.
Cette nuit, les alizés passeront de « assez forts » à « forts », avec des rafales jusqu’à 45 nœuds. Nous espérons passer entre les mailles du filet pour clôturer cette transat en beauté !
Une fois arrivés en Martinique, nous irons rencontrer la classe de CM de Tartane, qui suit nos aventures. Nous organiserons avec eux notre premier ramassage de déchets.
Nous vous raconterons tout cela dans l’article du mois prochain.
En attendant, nous avons hâte de retrouver la terre ferme, de revoir nos copains qui arrivent demain eux aussi, et de partager ensemble ces souvenirs inoubliables.